Les Belges et la consultation de voyants – Etude du CRIOC
Suite à une récente enquête du CRIOC sur les Belges et la consultation de voyants, guérisseurs et astrologues, le Député fédéral Franco Seminara souhaite connaître les dispositions prises par les services judiciaires pour lutter contre les escroqueries très présentes dans le domaine en interpellant le Ministre du Climat et de l’Energie, en charge de la Protection des Consommateurs, Paul Magnette.
En parallèle aux praticiens consciencieux, de nombreux astrologues, voyants et autres médiums savent profiter de la crédulité et de la misère humaine pour tirer le maximum d’argent de leurs clients. Aujourd’hui, ce type de profession est autorisée, conformément au principe de légalité qui veut que tout ce qui n’est pas interdit par la loi est permis.
Le métier n’est pas pour autant réglementé. Aucun diplôme particulier n’est exigé, il n’existe pas d’ordre des professionnels des arts divinatoires, pas d’obligation particulière de concours, d’autorisation, d’enregistrement. Il n’existe pas non plus de conditions de capacité financière ou de capacité professionnelle pour se lancer dans le métier.
Autrement dit, quiconque peut devenir, du jour au lendemain, astrologue ou voyant et en tirer des revenus. On voit d’emblée le danger de cette absence de réglementation. Toutefois, fort heureusement, si l’activité de voyant est libre, certains abus tels l’escroquerie et la publicité mensongère sont réprimés par la loi pénale.
Le Député fédéral Franco Seminara a souhaité connaître, d’une part, les outils mis à disposition des parquets pour engager des poursuites contre les auteurs d’escroquerie et publicité mensongère qui cherchent à exploiter la crédulité publique et, d’autre part, si un service spécifique de lutte contre ce type de délit était mis sur pied ou envisageable ?
Dans sa réponse, le Ministre a confirmé que l’activité de voyance n’est en effet pas soumise à une réglementation ou déontologie particulière. Par contre, les pratiques commerciales utilisées par tout secteur d’activité sont soumises aux règles visées par la loi du 6 avril 2010 relative aux pratiques du marché et à la protection du consommateur, en matière de pratiques commerciales déloyales. Le fait d’utiliser la faiblesse psychologique dans laquelle peut se trouver une personne, le fait d’exploiter en connaissance de cause tout malheur ou circonstance particulière d’une gravité propre à altérer le jugement du consommateur sont des éléments qui pourront être pris en considération.
En outre, toujours selon le Ministre, la loi énumère une série de pratiques déloyales en toutes circonstances. A titre d’exemple, est déloyale la pratique qui consiste à affirmer faussement qu’un bien ou un service est de nature à guérir des maladies, des dysfonctionnements ou des malformations.
Pour information, les pratiques commerciales déloyales font l’objet de sanctions pénales et civiles en fonction de leur gravité. Toute personne victime d’une pratique trompeuse ou agressive a la possibilité d’introduire une plainte auprès de la Direction Générale Contrôle et Médiation du SPF Economie, qui interviendra, le cas échéant, afin de sanctionner la pratique incriminée. De tels actes sont généralement condamnés par les tribunaux du chef d’escroquerie au sens de l’article 496 du code pénal. Aussi, en fonction des éléments du dossier, soit les faits sont communiqués aux Parquets concernés, soit les personnes lésées sont invitées à porter plainte à la police locale.
Pour le Député fédéral, un belge sur cinq est superstitieux et donc susceptible d’avoir, qui sait, un jour recours à ce type de pratique. Un chiffre non négligeable qui ne cesse de croître en périodes de doute, de difficultés morales et financières. C’est bien pour cela que je demande aux services concernés de redoubler de vigilance dans ce domaine bien précis.