20 November, 2024

Le furane présent dans certains aliments est-il dangereux pour notre santé ? Franco Seminara interpelle la Ministre de la Santé!

Le 28 février, le député Franco Seminara posait une question à la Ministre de la Santé, Mme Laurette Onkelinx, sur les effets d’une substance potentiellement dangereuse pour notre santé : le Furane.

Question du député:

Les résultats d’une récente étude de l’ULg, financée par le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, sur le furane – substance narcotique et génotoxique – ont permis de mettre en évidence le niveau de contamination de nos denrées alimentaires ainsi que notre niveau d’exposition en Belgique à cette substance. Il s’agit d’un petit gaz qui se forme lors des processus de chauffe des aliments comme la cuisson mais aussi la stérilisation. Il se retrouve ainsi dans les plats préemballés ayant subis un traitement thermique, mais aussi dans certains contenus de boîtes de conserve métalliques ou de bocaux en verre. Les aliments pour lesquels sa teneur est la plus élevée sont le café torréfié, le jus d’orange en carton (ou en bouteille) ainsi que les petits pots pour bébés. Bien que reconnu comme « probablement cancérigène pour l’homme » par le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer) et l’OMS, aucune réglementation n’a été établie à ce jour. Si les conclusions des recherches de l’ULg montrent que les risques pour la population belge sont limités, le niveau d’exposition à ce gaz serait légèrement plus élevé en Belgique par rapport à la moyenne européenne. De plus, elles mettent également en évidence que les données sur la façon dont le nourrisson ingère et rejette le furane manquent cruellement pour écarter tout risque. 1. a) Avez-vous pris connaissance de cette étude? b) Quel crédit accorder à celle-ci? 2. Au vu des résultats avancés, des études complémentaires pourraient-elles être menées? 3. Des recommandations du Conseil supérieur de la Santé seraient-elles nécessaires?

Réponse de la Ministre:

1 à 3. Le furane est une substance hautement volatile qui provoque le cancer chez les animaux de laboratoire et qui apparaît dans les aliments qui ont été chauffés. Ce contaminant de processus a été identifié en 2004 par les États-Unis. En 2006, le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement a lancé un appel d’offres pour une étude, FURA. Ce projet s’est terminé en 2009 et mes services en ont assuré le suivi. En conséquence, mes services ont eu connaissance des résultats. Les principaux objectifs de l’étude étaient le développement d’une méthode d’analyse et une meilleure connaissance de la présence de furane dans les aliments vendus sur le marché belge, de la formation du furane et de l’exposition de la population belge. Les données récoltées ont été transmises à l’EFSA (European Food Safety Authority) et incluses dans ses rapports dont le dernier a été publié en 2011: « Update on furan levels in food from monitoring years 2004-2010 and exposure assessment ». La Belgique était, après l’Allemagne, l’État membre ayant fourni le plus d’informations. Dans l’intervalle, le furane a été repris dans le programme de contrôle de l’AFSCA (Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire). L’étude a donc fortement contribué à la collecte de données dans l’UE; elle a donné le coup d’envoi de la surveillance en Belgique et, en ce sens, a été une innovation. L’étude a également donné lieu à plusieurs publications scientifiques peer reviewed, ce qui sous-entend une appréciation par la communauté scientifique. L’estimation de l’exposition dans ce dernier avis de l’EFSA a démontré que les quantités ingérées sont, pour la Belgique, analogues à celles des autres États membres de l’Union européenne. La comparaison des données pour les États membres est malaisée en raison des différences dans les projets d’étude des enquêtes nationales de consommation alimentaire. Les conclusions du projet FURA concernant les aliments qui contribuent à l’exposition sont similaires à celles de l’EFSA, à savoir que chez les adultes, c’est surtout le café qui contribue à l’exposition et que chez les enfants, plusieurs groupes d’aliments y contribuent, en raison notamment d’une forte consommation de ces aliments et pas nécessairement en raison des concentrations élevées de furane qu’ils contiennent. L’étude sur la formation du furane a établi que cette formation est très complexe et que dans le cadre de la prévention et de la réduction du furane, il faut également tenir compte de la valeur nutritive des aliments. Les résultats et publications du projet FURA sur la formation de furane ont été commentés, avec d’autres études publiées dans le reste du monde, dans la note de discussion du Codex Alimentarius (FAO/OMS) sur le furane de 2011. Les résultats du projet ont donc été valorisés et appréciés à l’échelle internationale. Au sein du CCCF (Codex Alimentarius Committee on Contaminants), ces études ont abouti à la conclusion qu’il était impossible, à l’époque, de formuler des recommandations pratiques à l’intention de l’industrie alimentaire pour la prévention et la réduction du furane, et qu’il n’était pas opportun, à l’époque, d’élaborer un code de bonnes pratiques. Le groupe de travail a toutefois cité des recommandations éventuelles pour le consommateur qui pourraient être ajoutées à un futur code de bonnes pratiques. La recherche se poursuit dans le monde entier; aux États-Unis, par exemple, une étude est en cours sur les effets toxicologiques du furane. Selon des informations obtenues par le passé de la Commission européenne, cette étude devrait se terminer cette année. À l’issue de celle-ci, une évaluation plus approfondie des risques devra donc être réalisée par le JECFA (Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives), l’équivalent international de l’EFSA, ou par l’EFSA elle-même. Dès lors, il me paraît opportun d’attendre les résultats et les recommandations de cette future analyse des risques, qui fera également le point sur toutes les études réalisées à l’échelle mondiale, avant de lancer de nouveaux appels à études, ceci afin d’éviter les doublons et d’utiliser efficacement le budget limité de la recherche. Pour ces mêmes raisons, il n’est pour l’instant pas opportun non plus que le Conseil supérieur de la Santé examine cette matière à l’heure actuelle. À l’avenir, il pourrait être opportun que le Conseil supérieur de la Santé formule des recommandations pour le consommateur, par exemple sur la base d’un éventuel code de bonnes pratiques développé dans le cadre du Codex Alimentarius.