Politique de lutte contre le tabac: le député interpelle la ministre.
Découvrez ici la question (en format vidéo et écrit) du député Franco Seminara qui est intervenu auprès de la Ministre Onkelinx, le 27 mars en séance plénière, concernant la politique de lutte contre le tabac:
Franco Seminara :Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, faire reculer la consommation des produits du tabac et éviter que les jeunes commencent à fumer est un objectif important, que nous poursuivons depuis de nombreuses années. Beaucoup d’actions ont été menées, beaucoup de dispositions ont été prises et des progrès ont été constatés. C’est indéniable! Pourtant, il semble que la Belgique soit, à présent, à la traîne dans le domaine de la lutte contre le tabac. Un classement présenté lors du sixième sommet européen sur la santé et le cancer nous épingle, en effet, à la treizième position parmi les pays européens pour notre politique de lutte contre le tabac, alors que nous occupions la huitième place en 2007.
Selon cette étude, la Belgique n’aurait, depuis lors, plus pris de mesures fortes en la matière. On constate actuellement une augmentation du nombre de fumeurs en partie en raison du succès du tabac à rouler, bon marché. L’élément principal qui est d’ailleurs pointé du doigt dans l’étude est le maintien du prix du tabac à un niveau relativement bas dans notre pays. Selon les experts, il faudrait que le paquet de cigarettes atteigne 10 à 20 euros pour que l’arme du prix puisse être effectivement utilisée en Belgique.
Madame la ministre, comment considérez-vous le fait que nous sommes réellement à la traîne en matière de lutte contre le tabac? Quelle est la position du gouvernement en ce qui concerne l’arme du prix qui pourrait être brandie en matière de lutte contre le tabac? L’adoption récente par le Parlement européen d’une nouvelle directive sur les produits du tabac devrait permettre à l’Europe d’unifier sa politique en la matière. Des initiatives sont-elles déjà envisagées ou devraient-elles l’être pour renforcer à nouveau notre politique de lutte ?
Laurette Onkelinx : Monsieur le président, chers collègues, il est évident que ce recul ne représente pas une bonne nouvelle. Pourtant, des initiatives ont été prises tant par le gouvernement que par le parlement ces dernières années. En 2009, nous avons rendue obligatoire l’inscription de la ligne Tabacstop sur tous les paquets de cigarettes. Pour rappel, l’accès à cette ligne est entièrement gratuit et entièrement financé à ce jour par le pouvoir fédéral. Depuis le 1er octobre 2009, nous avons mis en place le remboursement forfaitaire des consultations d’aide au sevrage tabagique dans le cadre du Plan cancer; elles connaissent un succès important. Nous avons investi dans la formation des tabacologues, accompagnée d’un budget dégagé au sein de l’INAMI. Enfin, tout le parlement se souviendra qu’en 2011, l’interdiction générale de fumer dans les lieux fermés accessibles au public a été étendue aux bars et casinos. Évidemment que des avancées ont été engrangées. Plus de 14 000 contrôles sont organisés chaque année dans les cafés, dans les autres lieux publics, contrôles de l’interdiction de vente aux moins de 16 ans, contrôles des automates, contrôles de l’étiquetage, contrôles de la publicité. Plus de 14 000 contrôles avec une équipe qui a été renforcée. Travailler, nous le faisons. Il s’agit donc d’aller plus loin. Soyons honnêtes: les défenseurs de la santé que vous êtes tous les deux, et d’autres dans cette enceinte et au gouvernement, sont de temps à autres confrontés à des dialogues difficiles avec ceux qui prônent l’intérêt économique. Voilà pourquoi diverses propositions que j’ai faites n’ont encore pu être suivies d’effet. Je ne désespère pas. Elles sont déposées sur la table du gouvernement: l’interdiction de l’affichage de la marque dans les lieux de vente, l’interdiction de la vente aux mineurs, la réglementation des points de vente, l’augmentation du prix non seulement des paquets de cigarettes, mais aussi des paquets de tabac à rouler, l’inscription des avertissements sanitaires sur les paquets de tabac à rouler. Voilà autant de propositions présentées à différentes instances, mais qui n’ont pas encore pu faire l’objet d’un accord.Maintenant que nous allons nous quitter pour raison d’échéance électorale, j’espère que tous ceux qui pèsent dans leur parti pourront convaincre qu’il est absolument nécessaire d’engranger des résultats supplémentaires dans cette lutte contre le tabac; ils sont indispensables pour les soins de santé en général et pour la lutte contre le cancer en particulier. Merci à vous deux. Je sais que ce problème vous tient à cœur.
Franco Seminara: Madame la ministre, je vous remercie pour votre réponse. Le tabac demeure de loin la première cause de décès en Belgique. Mais, nous le savons, un débat économique se déroule autour de cette problématique. Notre pays a souvent été pionnier dans la lutte contre le tabac et je suis convaincu que les considérations en matière de santé doivent continuer à primer en la matière.