17 April, 2024

La lutte contre l’obésité en Belgique: Franco Seminara interroge la Ministre de la Santé!

Mercredi 22 janvier, le député Franco Seminara posait une question orale à la vice-première ministre et ministre de la Santé publique, sur « la lutte contre l’obésité en Belgique ».

Voici l’interpellation complète ci-dessous:

Franco Seminara (PS): Madame la présidente, madame la ministre, une étude de l’université de Gand a récemment révélé que l’État belge serait en mesure d’économiser plus de 3 milliards d’euros en 20 ans si l’indice de masse corporelle (IMC) des Belges en surpoids ou obèses diminuait seulement d’une unité.

En effet, d’après les résultats de la recherche, une économie de 3,2 milliards d’euros serait potentiellement réalisable si on prenait en compte les coûts des soins pour les patients malades

Cette diminution de l’IMC entraînerait en outre une économie indirecte de 738 millions d’euros, notamment sur les coûts de l’absentéisme et des mauvaises performances au travail. Les risques de contracter des maladies baisseraient également d’environ 10 %.

Au-delà de ces considérations économiques, il s’agit d’une véritable problématique de santé qu’il convient d’endiguer.

En Belgique, un adulte sur trois présente un excès de poids et un sur dix est obèse. Les enfants sont aussi concernés pour près de 15 % d’entre eux.

Mis en œuvre sur la période 2006-2010, le Plan national nutrition santé (PNNS) a fait de la lutte contre l’obésité un de ses principaux objectifs.

Sur la base d’une enquête de consommation alimentaire de l’Institut scientifique de Santé publique, différentes actions concrètes, visibles et coordonnées à l’échelon national avaient été organisées afin de lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires et d’augmenter le niveau de santé de la population belge.

Madame la ministre, les conclusions de l’étude menée par l’université de Gand vous semblent-elles fondées?

Quel bilan tirez-vous des mesures proposées dans le PNNS dans le cadre de la lutte contre l’obésité?

Pensez-vous que d’autres initiatives pourraient être prises? Si oui, quelles sont-elles?

Laurette Onkelinx, ministre: Madame la présidente, cher collègue, je suis d’avis que l’étude du Pr Lieven Annemans est intéressante car elle montre qu’une réduction du surpoids et de l’obésité, même faible, a de la valeur tant en termes, bien sûr, de santé publique qu’en termes d’économies pour la sécurité sociale. Même si toutes ces estimations restent théoriques, il est évident qu’il est important de continuer à mener des politiques nutritionnelles d’envergure à tous les niveaux de pouvoir.

Le PNNS a contribué favorablement à lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires et le style de vie trop sédentaire de la population résidant en Belgique, même s’il est difficile de le mettre en évidence formellement. Ainsi, le Plan fédéral a travaillé dans différents domaines d’action pour abaisser la prévalence de surpoids et d’obésité auprès de la population, tels que l’allaitement maternel qui diminue l’obésité infantile et le diabète de type 2, l’amélioration des produits alimentaires fabriqués en Belgique notamment en rapport au contenu en sel ou l’information de la population sur l’alimentation saine par le biais de campagnes et de guides nutritionnels.

Toutefois, il est évidemment nécessaire de poursuivre les efforts entamés depuis 2006 et ce, en collaboration avec les Communautés compétentes pour la prévention des maladies et la promotion de l’alimentation saine.

Au niveau du fédéral, j’ai annoncé dernièrement que la reformulation des produits alimentaires allait à présent concerner les graisses et les sucres, dans la même démarche de concertation avec les opérateurs économiques que pour la réduction de sels.

Je pense que beaucoup d’initiatives doivent être entreprises pour aider les citoyens à conserver un poids de santé convenable. La plupart des démarches qui s’inscrivent dans le cadre d’une approche durable et socialement équitable doivent prioritairement viser les plus jeunes afin que l’acquisition des habitudes saines se perpétue tout au long de la vie. Donc des actions ciblées au niveau de l’école, tant au niveau de l’offre alimentaire proposée aux enfants qu’au niveau des cours prodigués à ces derniers doivent être développées.

Bien sûr, je pense aussi qu’il faut intensifier la démarche liée à l’encadrement des personnes souffrant de surcharge pondérale ou d’obésité, par un projet de soins global permettant une perte de poids saine et durable.

La lutte contre les mauvaises habitudes alimentaires et un style de vie trop sédentaire n’est pas une équation simple. Elle se décline par un ensemble d’actions dans différentes politiques, et pas seulement en matière de santé: fiscalité, urbanisme, environnement, enseignement, sport; et doit être envisagée sur le long terme, dans un monde qui a globalisé notre façon de produire nos aliments et de nous alimenter.

 Franco Seminara (PS): Madame la ministre, merci pour tout ce que vous venez d’exprimer. Cela nous montre encore une fois que changer les habitudes n’est pas chose facile. C’est vraiment un travail de fond. Tout ce que vous avez exprimé souligne l’importance de la transversalité.

 Mme Obama, bien qu’elle ne soit pas ministre, en a aussi fait son grand cheval de bataille. Il est vrai que vous avez déjà eu l’occasion de vous exprimer sur ces questions qui ont déjà été soulevées à plusieurs reprises. Mais il était vraiment intéressant de refaire un peu le point sur la lecture que vous en avez et sur les perspectives qu’il faut envisager à ce sujet.